Le travail :l’autre révolution tranquille !


Le travail :l’autre révolution tranquille !

Le monde du travail est en pleine mutation. Le McKinsey Global Institute a récemment affirmé que la pandémie et les mesures de lutte adoptées par les gouvernements ont servi d’accélérateurs à des tendances de fond, en leur imprimant un élan tellement puissant qu’elles sont actuellement, là où elles ne seraient pas allées d’elles-mêmes.


Le monde du travail fonctionne désormais avec de nouvelles réalités. La flexibilité est devenue une priorité et la sécurité, une nécessité. L’une des tendances, qui va aller crescendo est le travail à distance. On estime que plus de 25 % des travailleurs devront désormais s’y adonner. En somme, une proportion de quatre à cinq fois supérieure à ce qui prévalait avant la crise.

Les règles de distanciation sociales ont aussi convaincu un bon nombre d’organisations de remplacer les humains par des machines ou des robots. Les départements de santé et sécurité de plusieurs entreprises ont facilement convaincu les sphères dirigeantes de leurs compagnies d’investir dans tout ce qui pourrait préserver l’humain. Pour Gregor Murray, Professeur à l’école de relations industrielles de Montréal, de toutes les tendances qui marqueront le marché du travail au sortir de la crise, la rareté de la main d’œuvre sera la plus dominante.

Les raisons de la colère

Oui, certains vont blâmer la PCU, la PCRE ou les améliorations apportées à l’assurance-emploi, mais le problème est beaucoup plus profond, car il s’agit de la réalité du vieillissement de la population. Qu’on le veuille ou pas, l’immigration fera désormais partie de la solution. La pandémie a montré, comment, dans les centres de soins de santé ou dans les petits commerces, la reconnaissance et la valorisation des travailleurs est un grand inversement.

Habituées de laisser aux travailleurs le soin de s’adapter à l’évolution de leurs besoins, les entreprises devront désormais apprendre à être en mode écoute si elles veulent pouvoir attirer et surtout garder la main d’œuvre. Il ne s’agit pas seulement d’améliorer les conditions de travail, mais de reconnaître le droit d’influencer la nature de ces changements et la façon de les mettre en place.

Tania Saba, professeur à l’École de relations industrielles de l’Université de Montréal, encourage les employeurs à commencer par prendre le temps d’écouter leurs employés, notamment en matière de télétravail. Selon elle, il ne s’agit pas de rechercher la meilleure efficacité possible, mais de la concilier avec d’autres objectifs désormais incontournables. 

S’arrimer au bon wagon

Pour le moment, Tania Saba est loin d’être impressionnée par les changements en cours. Alors que de plus en plus d’entreprises indiquent à leurs employés qu’ils devront peut-être revenir au bureau 5 jours par semaine ou qu’ils auront droit de travailler depuis la maison deux jours semaine.

Pour la chercheuse, il est à craindre qu’on soit en train de passer à côté d’une chance unique de bien faire les choses. Car à quoi bon prendre de telles décisions si cela ne s’appuie pas sur une analyse approfondie de la nature des tâches de chacun. Ce que cela suggère, c’est qu’on veut appliquer les modes d’organisation qu’on connaît, mais à quelque chose de nouveau.

Peut-être parce que ça nous rassure, d’initier des réflexions à tout va. Ce qu’il faudrait, c’est que les entreprises prennent un moment pour se poser la question sur leur réalité et leurs besoins, et qu’elles se demandent APRÈS quel mode de fonctionnement et quelles technologies seraient les plus appropriées.

Le gouvernement du Québec planche actuellement sur la mise à jour de sa Loi sur la santé et la sécurité au travail. Or, comme la nouvelle version de sa Loi sur les normes du travail qu’il a adoptée il y a trois ans, le projet ignore largement de nombreux problèmes qui se posent déjà et qui sont apparus avec la pandémie.

Le temps n’est plus aux petits ajustements. Il faut prendre acte que l’organisation du travail est en profonde mutation. Il faut définitivement regarder l’ensemble de nos lois du travail et chercher à y apporter des changements qui vont être en adéquation avec la réalité.