Recruter des infirmières, pas qu’une question d’argent !


La pénurie de personnel infirmier est devenue tellement hors de contrôle dans certaines régions du Québec que des centres de santé sont prêts à recruter n’importe qui, et à n’importe quel prix. Des primes allant, jusqu’à 18 000 $ sont notamment offert. Or, les incitatifs ne suscitent pas autant d'emballement. Pourquoi ?

C’est le sujet de l’heure et certains le qualifient même de « petite révolution ». Les établissements de santé du Québec tentent de plus en plus de recruter des infirmières. Un chiffre que les gestionnaires d'établissements ambitionnent d'atteindre : recruter 4 300 infirmières. Malgré des incitatifs importants, les CV restent introuvables.

Les points qui fâchent

Pour attirer et retenir la main-d’œuvre, le gouvernement a choisi de verser une prime de 15 000 $ par infirmière qui s’engage à travailler à temps complet pendant une année complète. Mais le plan du gouvernement Legault a été sévèrement critiqué par les syndicats.

Autre problématique, elle concerne l'importance d'instaurer un climat de confiance. Pour la présidente de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec Nancy Bédard, c’est bien de prendre des engagements sur des principes comme le TSO, le temps supplémentaire obligatoire, conciliation famille-travail, mais elle doute d’un retour en masse des infirmières, car la confiance doit régner. Les infirmières ont eu des promesses depuis 15 ans.

Autre point qui a fait bouger les choses, le fait que le gouvernement ait abandonné la vaccination obligatoire pour les travailleurs de la santé. Il était impensable de se priver des 5 000 soignants non vaccinés.

Débats vifs à l’Assemblée nationale

Les trois partis d’opposition ont insisté sur l’importance de mettre en place des mesures structurantes et non pas de demi-mesures, pour attirer des professionnels au sein du réseau de la santé, dans le contexte où les primes actuelles n’ont aucun effet.

Dans certaines régions, comme l’Abitibi-Témiscamingue, l’effet des primes est marginal : le Centre intégré de santé et de services sociaux a embauché 7 infirmières et infirmières auxiliaires (dont 5 provenant du privé) depuis l’annonce des primes.
 
Recrutement d’infirmières à l’étranger

Devant cette importante pénurie de personnel, le ministère de la Santé et des Services sociaux a reçu le mandat de recruter à l’étranger.
 
Pour 2021-2022, Recrutement Santé Québec (RSQ) a reçu plus de 4 000 mandats de la part de 28 établissements de santé et de services sociaux, principalement pour les titres d’emploi d’infirmières (3 500), de travailleurs sociaux, d’orthophonistes et de physiciens médicaux. À lui seul, le CIUSSS du Nord-de-l’Île-de-Montréal cherche 800 candidats. 

Pour Marjorie Larouche, porte-parole du ministère de la Santé et des Services sociaux, tenter de recruter plus de 4 000 personnes à l’étranger pour intégrer le système de santé québécois est donc inédit, même plus, une mission historique.

Les missions de recrutement se dérouleront dans différents pays, dont la France, la Belgique et le Maghreb. C’est le cas notamment des infirmières formées en Algérie, au Maroc et en Tunisie, qui ont retenu l’attention du gouvernement québécois.

Concrètement, cela signifie que ces personnes auront un contrat de travail fermé, lié à leur employeur. La durée varie généralement de deux à trois ans. Par la suite, si elles veulent, à terme, rester au Québec, les infirmières peuvent demander une résidence permanente, qui leur permet notamment de changer librement d'établissements.